Sayonara Zetsubō Sensei s’inscrit dans la lignée du genre des magical girls, dont l’un des représentants les plus illustres reste encore à ce jour la célèbre Sailor Moon, tout en apportant sa touche d'originalité. Du moins, pas au niveau du scénario, qui repose sur une base banale : Chiri, Kafuka et Meru sont trois lycéennes de 11 ans tout à fait normales, qui vont se retrouver du jour au lendemain embarquées dans une aventure où se mêlent magie et destin du monde. En effet, alors qu'elles étaient en train de déterrer des cadavres au cimetière du coin pour pouvoir jouer aux osselets, nos trois filles vont trouver un ancien artefact qui va leur attribuer des pouvoirs magiques ; c'est ainsi que va naître le groupe des Lilicure, chacune ayant à sa disposition des sorts en concordance avec sa personnalité (Chiri possède la puissance de la pelle meurtrière à cause de son tempérament fougueux, Kafuka a le pouvoir de repousser les mauvais esprits grâce à son positivisme constant et Meru voit son cellulaire emplit d'une force capable de modifier son environnement, pour mieux pouvoir contrôler sa peur du monde). Mais en même temps que ces pouvoirs arrivent, une vague de monstres apparaît et menace la ville des héroïnes, monstres dirigés par un être maléfique et mystérieux du nom de Désespoir qui est en fait le professeur principal de Chiri, Kafuka et Meru et dont la personnalité s'est retrouvée altérée par les derniers évenements. Les Lilicure comprennent qu'avec de grands pouvoirs, il incombe de grandes responsabilités, et partent repousser les créatures du Mal pour un idéal de paix, d'amour et de petites culottes.


Comme vous pouvez le constater avec les lignes ci-dessus, il n'y a rien de bien nouveau au pays des magical girls dans Sayonara Zetsubō Sensei ; mais ce serait se tromper que d'établir un jugement trop hâtif, car la série propose son lot de nouveautés et ce à plusieurs nouveaux. Si l'on revient sur le scénario, qui a des contours basiques et stéréotypés, on note que l'auteur s'est décarcassé pour trouver des idées incroyables qui viennent rajouter de l'intérêt à chaque épisode. Par exemple, il y a toute une galerie de personnages secondaires qui apportent de la fraîcheur : de Nami, la fille étonnamment normale, à la kunoichi, la maid (maid = servante) ou l'étudiante étrangère, toutes ces figures cosmopolites enrichissent le tableau de la série. On n'avait pas vu de telle maîtrise des mécanismes du scénario depuis Black Lagoon, c'est dire. Ajoutons à cela le traitement effectué sur le personnage du professeur principal des trois filles, être tiraillé entre son caractère chaleureux d'autrefois et la personnalité maléfique de Désespoir, qui approfondis un peu plus l'histoire, pour se rendre compte du travail conséquent effectué par les scénaristes.

Autre point particulier de Sayonara Zetsubō Sensei : sa réalisation incroyable. L'animé est aujourd'hui encore un bel exemple de qualité d'animation et de dessins et n'a pas à rougir face aux productions actuelles. Je vous renvoie au générique d'ouverture comme preuve de dynamisme à tous les étages, notamment grâce à la chanson Lilicure GO! GO! qui reste longtemps gravée dans la tête. On notera également de nombreuses références à d'autres animés, parsemées ici et là et qui ne demandent qu'à être découvertes par les spectateurs attentifs. Ceci est une des marques de fabrique du studio Shaft, en charge de Sayonara Zetsubō Sensei, qui sait être tantôt drôlement intelligent, tantôt intelligemment drôle. La série parvient donc à remettre au goût du jour le genre des magical girls qui, il faut bien l'avouer, commençait à battre de l'aile par manque de renouvellement. On ne remerciera jamais assez Shaft pour cette réhabilitation énergique et enjouée.



Sayonara Zetsubō Sensei aura eu également pour effet de déclencher une polémique au sein de la communauté otaque, à savoir : est-ce que l'on peut encore accepter de faire jouer de tels rôles à des fillettes ? N'est-ce pas de l'abus de les faire combattre si jeunes ? Il y avait bien entendu les inconditionnels des petites filles qui ne voyaient pas de problème là-dedans, d'autant plus que Chiri, Kafuka et Meru sont des lycéennes, bref à un stade où elles peuvent très bien montrer leur petite culotte tout en donnant des baffes sans avoir à en rougir. Mais des voix contestataires se firent aussi entendre, lasses de voir encore une fois des enfants utiliser la violence et outrées de constater qu'ils étaient l'objet de fantasmes, d'autant plus que la série ne manque pas de plans osés à ce niveau (on retiendra notamment la relation ambigüe entre Chiri et son professeur principal). D'épisode en épisode, on pouvait lire sur les forums d'animé les deux camps se battre à coup d'arguments tous plus probants les uns que les autres, provoquant des chocs de plus en plus violents. Finalement, un consensus fut adopté : les Japonais furent à l'unanimité considérés comme un peuple bête, xénophobe et déviant. Ceci apaisa les rancœurs, chaque camp retrouva son calme et l'on fut rassuré que tout ceci n'eût au final que peu d'emprise sur le monde occidental et ses valeurs millénaires. 



Si vous n'êtes pas amateur de magical girls, je ne peux que vous conseiller de tout de même tenter le coup avec Sayonara Zetsubō Sensei, série qui réussit à offrir bien plus que ce à quoi l'on pouvait s'attendre d'un tel genre d'animé. A noter qu'il existe une version manga de très bonne facture, reprenant la trame principale de la version animée, ainsi qu'une série de 26 OAV assez particulière reprenant les personnages principaux et les mettant en scène dans une ennuyante histoire qui tente désespérément de paraître intelligente mais qui ne fait que se dégonfler de vantardise assez rapidement, faute d'une base solide et d'un humour perspicace (bref, à éviter).

EDIT : Cet article n'est qu'un poisson d'avril. Désolé.